|
|
||
|
110 RECHERCHES SUR MOLIÈRE.
|
||
|
|
||
|
« J'avois fort à cœur de recouvrer les ouvrages de Malière qui ;n'ont jamais vu le jour. Je savois qu'il avoit laissé quelques fragments de pièces qu'il devoit achever : je savois aussi qu'il en avoit quelques-unes entières,qui n'ont jamais paru. Mais sa femme, peu curieuse des ouvrages de son mari, les donna tous, quelque temps après sa mort, au sieur de la Grange, comédien, qui connoissant tout le mérite de ce travail, le conserva avec grand soin jusqu'à sa mort. La femmede celui-ci ne fut pas plus soigneuse de ces ouvrages que la Molière; elle vendit toute la bibliothèque de son mari, où, apparemment, se trouvèrent les manuscrits qui étoient restés après la mort de Molière1. » L'auteur de la Vie de Molière se trompe, et, sur ce point, comme sur beaucoup d'autres, il a été mal renseigné. Grimarest n'était pas l'ami des comédiens, Baron excepté ; on le voit dans son livre lorsque, parlant de Molière, il prétend que « s'il revenoit aujourd'hui, il ne reconnoîtroit pas ses ouvrages dans la bouche de ceux qui les représentent2. » En 1699, sept qns après la mort du comédien la Grange, les manuscrits de Molière étaient consultés, étudiés par Guérin fils qui, à l'âge de dix-neuf ans, avait voulu refaire et terminer la pastorale de Mêlicerte laissée inachevée par Molière. M. Paul Lacroix* a déjà signalé ce fait très-important, et voici comment Guérin fils s'exprime dans sa préface4 : «Monsieur de Molière avoit commencé Mêlicerte : lecteur avide des moindres productions de ce grand homme, je me suis étonné cent fois de ce qu'il n'avoit pas donné la dernière main à un ouvrage, dont l'heureux commencement nous
1. La vie de Jf. de Molière, pages 309-11.
2. Ibidem, page 209. Louis XIV était de l'avis de Grimarest, car Dangeau nous apprend que le 9 octobre 1700, le Roi qui n'avait paru à aucune comédie depuis longtemps vit, dans la tribune de la duchesse de Bourgogne, les trois premiers actes de la comédie de V Avare; « mais il ne trouva pas que les « comédiens la jouassent bien. Madame la duchesse de Bourgogne le pressa « fort de demeurer jusqu'à la fin, .mais il ne pût s'y résoudre. » {Jowrnal du marquis de Dangeau, tome VII, page 391.)
3. La Jeunesse de Molière, 1859, in-16, page 182.
4. Myrtil et Mêlicerte, pastorale héroïque, 1699, in-12.
|
||
|
|
||